Le dernier qui s'est suicidé m'a fait
l'effet d'une chasse-d'eau.
J'ai chassé des illusions indécentes.
Une purge.
Le suicide, une purge ?
(Comme il m'a cassé les couilles
celui-là qui s'est suicidé, avec tellement d'acharnement.)
Celui-là, oui, il nettoie, simplifie,
un gros jet d'urine sur l'histoire de l'art, un soufflet sur mon âme.
Ce n'est pas le vide, le néant
n'existe pas. On peut toujours regarder les étoiles et rêver de
l'infini. L'infini est un concept rassurant, comme toute illusion.
Regarder les étoiles sans rêver.
Pas d'éternité, pas d'infini.
Mon cul sur la chaise, trois étages
plus haut des lombaires douloureuses.
Pas de spectateur potentiel. Personne.
Moi.
J'embrasse des peaux claires et douces
d'enfants. On dit qu'on s'aime.
Plus tard, je te ferai voir – non pas
mon cul – mon intérieur en clair obscur.
La nuit était encore noire, la mer
cognait les galets, avant de se fracasser sur la jetée de béton et
de ferraille, redescendait roulant les pierres comme des percussions
douces, primitives, perceptibles derrière le brouhaha de l'eau.
Je ressortais quelques heures plus tard
de cette brutalité de nature, joyeux et désirant.
Je me désirais divers.
Les lueurs du soleil, derrière
l'horizon, s'étirent longuement avant l'apparition du jour.
Je fumais un cigare, ne remerciant rien
ni personne.
Nos corps mourant sans cesse et ce
sourire que demain j'aurai, je le connais déjà.
Je ne sais rien sinon nos têtes de
mort.
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