Je suis profondément superficiel

Panneau métallique peint, cuivre, yuzen chiyogami, terre crue, papier "buvard", encre de Chine, acrylique, impression jet d'encre. 40x32cm. 2008

Le choix du support, écrivait Paul Klee, détermine l’œuvre d’art à venir. C’est le geste primordial.

Warhol parlait de la surface comme de la seule dimension identifiable de son travail.

Les artistes du mouvement « support-surface » dissèquent le support ne laissant parfois qu’un squelette, une dépouille, des lambeaux.

Je pense aux choix des marbres de Michel-Ange, à la main sur la paroi de la grotte (trembla-t-elle ?), je pense aux papiers de Juan Gris. Je pense au burin pénétrant de Rembrandt , aux sillons qu’il creuse, à la presse qui imprime la surface rayée, gravée, encrée de la plaque de cuivre révélant l’épaisseur du papier. Je pense aux origamis.

Le choix du support peut être, dans mon travail, d’une lenteur vertigineuse - plusieurs décennies parfois s’étalent entre le moment où « l’objet » s’installe dans mon intimité et le moment où il devient support.

Je crée des surfaces. La surface de l’écran n’y échappe pas.

Lorsque le couteau tranche la terre d’argile se créent simultanément deux nouvelles surfaces - le doigt au bord des lèvres.

La peau est surface – intermédiaire nerveux avec le monde.

Je suis profondément superficiel (cet oxymore est certainement de Andy Warhol…).

A.L.


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